Une démarche de réussite
Par Charles Lostis, mardi 31 décembre 2013 à 13:45 :: - Des idées pour faire réussir :: #233 :: rss
Après trois ans de silence, le moment est venu de faire un point sur les actions et réflexions conduites pendant plus de vingt ans, à partir du Collège Oradou et grâce aux formation dispensées par l'ex IPSSA dirigée par Francine Pariente, à l'Université Blaise pascal de Clermont Ferrand.
La décantation, la sédimentation des idées, loin de l'action, permettent de dégager un essentiel susceptible d'aider l'adulte dans la conduite de l'élève pour le rendre plus dynamique et autonome dans ses apprentissages et donc de le mettre sur une trajectoire de réussite. Et pas uniquement scolaire.
Cinq grandes idées se dégagent :
La décantation, la sédimentation des idées, loin de l'action, permettent de dégager un essentiel susceptible d'aider l'adulte dans la conduite de l'élève pour le rendre plus dynamique et autonome dans ses apprentissages et donc de le mettre sur une trajectoire de réussite. Et pas uniquement scolaire.
Cinq grandes idées se dégagent :
1- Réduire l'anxiété.
De par la configuration topologique et chimique de son cerveau, l'homme est vulnérable au doute, à l'échec et face à l'inconnu. Cela génère chez lui de l'anxiété qui abîme ses facultés à penser. C'est là qu'il faut chercher les sources de l'échec chez les élèves dits en difficulté. L'observation montre que son but n'est pas de résoudre le problème qui lui est posé mais d'agir pour apaiser son anxiété. Certains adultes, eux même anxieux devant cette situation, pensent apaiser l'enfant en recourant à des présentations ludiques. Réponse au premier degré qui peut s'avérer contre productive. Car la vie n'est pas un jeu. La vie est pleine d'enjeux qui génèrent du stress. La réponse dynamique à l'anxiété est le vécu de la réussite. L'anxiété qui monte face à l'inconnu peut être contenue par l'imagination de la réussite. Il convient donc de faire vivre des moments de réussite en situation difficile et incertaine. C'est tout le professionnalisme du médiateur qui permet de plonger l'enfant dans une zone d'inconnu qu'il pourra surmonter grâce à des stratégies cognitives impulsées par l'adulte, qui amèneront l'enfant à mobiliser son potentiel et ses ressources. Il s'agit de le conduire à émettre des hypothèses multiples et à les tester sur le monde extérieur.
Sur la médiation on pourra se reporter aux critères définis par Reuven Feuerstein. Et aussi à Jérôme Bruner.
Le sujet a déjà été traité dans ce blog. Vous pouvez vous reporter aux articles suivants. L'anxiété au centre de l'échec scolaire.
2- Travailler à partir des points forts de l'élève.
Le soutien scolaire s'organise toujours sur les points faibles de l'élève. Cela part d'un bon sentiment mais c'est là une erreur. On ne construit pas une maison sur un terrain qui manque de solidité. On construit sur un sol solide. Il en va de même pour éduquer un enfant. L'expérience de 20 ans de travail sur l'échec scolaire au collège Oradou montre qu'il faut dépasser l'idée de soutien. Aider un élève c'est travailler à partir de ses points forts. Pour le valoriser. Pour lui faire connaître le plaisir de la réussite. Pour obtenir de lui un engagement dans la tâche. Pour réduire son anxiété et débrider ses capacités intellectuelles. On met alors en évidence les fonctions cognitives qui lui assurent la réussite pour qu'ils les identifient et le pousse à les mettre en œuvres en d'autres circonstances. Qu'il prenne appui sur ses points forts. On l'incite à réfléchir aux stratégies à mettre en œuvres en situation difficile pour améliorer ses performances ou contourner les obstacles. C'est cette stratégie déployée sur les zones de réussite qui par contamination se retrouve sur les domaines en échec.
3- Faire découvrir la métacognition.
Montrer à l'élève que l'on peut réfléchir à son fonctionnement intellectuel, surtout en situation difficile. Quitter le problème pour s'intéresser à soi devant le problème. Cela ne s'apprend pas comme une leçon. On en fait l'expérience. Faire germer des questions du genre : "Comment on s'y prend ?" "Ai-je une autre façon de m'y prendre ?" "Quelles stratégies puis mettre en œuvre en telle circonstance ?" Lui faire découvrir quelques unes de ces stratégies. "Passer à autre chose puis revenir sur l'obstacle" (cf Madeleine de Proust). "Monter en abstraction" ou au contraire "décomposer en parties plus simples" Savoir les causes d'erreur les plus fréquentes : "Avoir une mauvaise adéquation entre ses objectifs et ses compétences". "Trop attendre des autres pour résoudre ses difficultés". "Être trop sûr de soi". "Trop se fier à ses idées préconçues et autres à priori". "Attribuer aux autres ses propres défaillances. " Manque de fluidité entre pensée analytique et pensée synthétique". "Incapacité à aller à l'essentiel" ."S'en tenir à quelques indices en négligeant les autres" " Manquer de persévérance ou au contraire s'obstiner" "Ne pas faire la distinction entre hypothèse et certitude", " Confondre implication logique et équivalence" etc. On peut se reporter à Robert J.Sternberg dans son livre "Intelligence Applied" : Understanding and increasing your intellectual skills.
4- Savoir s'éloigner de l'élève.
Moment difficile. L'élève agit souvent en fonction de vous. Il est en dépendance à l'adulte. Il n'est pas lui. Or il faut qu'il prenne son envol. Il doit y avoir émergence du sujet. Où il agit de lui même et mobilise ses ressources. Le sevrage peut être délicat car il ne doit pas être interprété comme un abandon ou un renoncement de l'adulte. Ce retrait peut être imposé par un évènement l'extérieur, comme un déménagement. On peut espacer les séances en prétextant des obligations indépendantes de votre volonté. Sinon le retrait doit être présenté comme une marque de confiance, en disant qu'on sera toujours là pour lui.
5- Savoir attendre.
L'expérience montre, avec le recul, que l'action, pour induire une modification structurelle, doit se dérouler sur une période de deux à trois ans. Et il faudra encore des mois pour que l'élève s'approprie la démarche et la mette en œuvre spontanément. C'est ce que disent mes anciens élèves que j'ai rencontré quelques années plus tard. C'est frustrant car vous ne voyez pas les fruits de vos efforts. Et pourtant ils sont là. Mais il y a une condition : que pendant l'intervention l'élève ait verbalisé sa pensée. L'élève passif, consommateur de vos prestations, retombera dans ses ornières après votre effacement.
Il s'agit bien de rendre l'élève plus dynamique et autonome dans ses apprentissages.
De par la configuration topologique et chimique de son cerveau, l'homme est vulnérable au doute, à l'échec et face à l'inconnu. Cela génère chez lui de l'anxiété qui abîme ses facultés à penser. C'est là qu'il faut chercher les sources de l'échec chez les élèves dits en difficulté. L'observation montre que son but n'est pas de résoudre le problème qui lui est posé mais d'agir pour apaiser son anxiété. Certains adultes, eux même anxieux devant cette situation, pensent apaiser l'enfant en recourant à des présentations ludiques. Réponse au premier degré qui peut s'avérer contre productive. Car la vie n'est pas un jeu. La vie est pleine d'enjeux qui génèrent du stress. La réponse dynamique à l'anxiété est le vécu de la réussite. L'anxiété qui monte face à l'inconnu peut être contenue par l'imagination de la réussite. Il convient donc de faire vivre des moments de réussite en situation difficile et incertaine. C'est tout le professionnalisme du médiateur qui permet de plonger l'enfant dans une zone d'inconnu qu'il pourra surmonter grâce à des stratégies cognitives impulsées par l'adulte, qui amèneront l'enfant à mobiliser son potentiel et ses ressources. Il s'agit de le conduire à émettre des hypothèses multiples et à les tester sur le monde extérieur.
Sur la médiation on pourra se reporter aux critères définis par Reuven Feuerstein. Et aussi à Jérôme Bruner.
Le sujet a déjà été traité dans ce blog. Vous pouvez vous reporter aux articles suivants. L'anxiété au centre de l'échec scolaire.
2- Travailler à partir des points forts de l'élève.
Le soutien scolaire s'organise toujours sur les points faibles de l'élève. Cela part d'un bon sentiment mais c'est là une erreur. On ne construit pas une maison sur un terrain qui manque de solidité. On construit sur un sol solide. Il en va de même pour éduquer un enfant. L'expérience de 20 ans de travail sur l'échec scolaire au collège Oradou montre qu'il faut dépasser l'idée de soutien. Aider un élève c'est travailler à partir de ses points forts. Pour le valoriser. Pour lui faire connaître le plaisir de la réussite. Pour obtenir de lui un engagement dans la tâche. Pour réduire son anxiété et débrider ses capacités intellectuelles. On met alors en évidence les fonctions cognitives qui lui assurent la réussite pour qu'ils les identifient et le pousse à les mettre en œuvres en d'autres circonstances. Qu'il prenne appui sur ses points forts. On l'incite à réfléchir aux stratégies à mettre en œuvres en situation difficile pour améliorer ses performances ou contourner les obstacles. C'est cette stratégie déployée sur les zones de réussite qui par contamination se retrouve sur les domaines en échec.
3- Faire découvrir la métacognition.
Montrer à l'élève que l'on peut réfléchir à son fonctionnement intellectuel, surtout en situation difficile. Quitter le problème pour s'intéresser à soi devant le problème. Cela ne s'apprend pas comme une leçon. On en fait l'expérience. Faire germer des questions du genre : "Comment on s'y prend ?" "Ai-je une autre façon de m'y prendre ?" "Quelles stratégies puis mettre en œuvre en telle circonstance ?" Lui faire découvrir quelques unes de ces stratégies. "Passer à autre chose puis revenir sur l'obstacle" (cf Madeleine de Proust). "Monter en abstraction" ou au contraire "décomposer en parties plus simples" Savoir les causes d'erreur les plus fréquentes : "Avoir une mauvaise adéquation entre ses objectifs et ses compétences". "Trop attendre des autres pour résoudre ses difficultés". "Être trop sûr de soi". "Trop se fier à ses idées préconçues et autres à priori". "Attribuer aux autres ses propres défaillances. " Manque de fluidité entre pensée analytique et pensée synthétique". "Incapacité à aller à l'essentiel" ."S'en tenir à quelques indices en négligeant les autres" " Manquer de persévérance ou au contraire s'obstiner" "Ne pas faire la distinction entre hypothèse et certitude", " Confondre implication logique et équivalence" etc. On peut se reporter à Robert J.Sternberg dans son livre "Intelligence Applied" : Understanding and increasing your intellectual skills.
4- Savoir s'éloigner de l'élève.
Moment difficile. L'élève agit souvent en fonction de vous. Il est en dépendance à l'adulte. Il n'est pas lui. Or il faut qu'il prenne son envol. Il doit y avoir émergence du sujet. Où il agit de lui même et mobilise ses ressources. Le sevrage peut être délicat car il ne doit pas être interprété comme un abandon ou un renoncement de l'adulte. Ce retrait peut être imposé par un évènement l'extérieur, comme un déménagement. On peut espacer les séances en prétextant des obligations indépendantes de votre volonté. Sinon le retrait doit être présenté comme une marque de confiance, en disant qu'on sera toujours là pour lui.
5- Savoir attendre.
L'expérience montre, avec le recul, que l'action, pour induire une modification structurelle, doit se dérouler sur une période de deux à trois ans. Et il faudra encore des mois pour que l'élève s'approprie la démarche et la mette en œuvre spontanément. C'est ce que disent mes anciens élèves que j'ai rencontré quelques années plus tard. C'est frustrant car vous ne voyez pas les fruits de vos efforts. Et pourtant ils sont là. Mais il y a une condition : que pendant l'intervention l'élève ait verbalisé sa pensée. L'élève passif, consommateur de vos prestations, retombera dans ses ornières après votre effacement.
Il s'agit bien de rendre l'élève plus dynamique et autonome dans ses apprentissages.
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